Manif’ du 1er mai à PARIS : Pour le meilleur et pour le pire

Témoignage de Manu Doucet membre du bureau du SNPEFP-CGT

 

Comme pour la plupart des manifestations, on avait organisé un départ groupé de Seine-et-Marne avec quelques camarades, contents de pouvoir refouler le pavé parisien en ce 1er mai.

Arrivés gare de l’Est, nous avons pris le boulevard de Magenta pour nous rendre au rendez-vous à République. On a été surpris du grand nombre de gilets jaunes qui remontaient vers Répu’ accompagnés tout le long de leur parcours d’une cohorte de gendarmes suréquipés de la tête aux pieds.

Certains groupes (je dis bien « certains ») ne semblaient pas être venus pour célébrer la Fête Internationale des Travailleurs mais plutôt la fête nationale, voire nationaliste des travailleurs (bérets rouges des paras sur le crâne et brassard tricolore), étrange sentiment pour un 1er mai.

À 14h, tous les cortèges étaient en place … à 16h on quittait enfin République. 30 secondes plus tard nous étions de nouveau arrêtés. En plaisantant entre nous on se disait que les politiques en tête de manif’ étaient bien longs à répondre aux questions des journalistes. Un copain a alors sorti son téléphone pour mettre BFM, un autre CNEWS. Bien entendu les deux canaux ne parlaient que des heurts en tête de cortège au niveau du métro Saint-Ambroise, d’un incendie de poubelle, de vitrines brisées mais rien sur le nombre de manifestants, rien sur les revendications, rien pour les droits sociaux et les libertés, contre l’état d’urgence, rien pour la paix et la solidarité internationale. Bref, rien de surprenant de la part de certains médias mais on en a l’habitude à présent.

Sur nos petits écrans, on ne voyait que les caméramans et photographes suivre en meute les forces de l’ordre et leurs opposants. Un camarade de province m’a même envoyé un sms pour savoir si tout allait bien.

Oui tout allait bien à ce moment-là, on ne bougeait pas mais quel sentiment de se replonger dans l’ambiance des manifs’ un 1er mai, le bruit des sonos, les ballons et les drapeaux rouges, les slogans, les banderoles, la pluie ! Retrouver les copains, ressortir les badges, ressentir qu’on appartient à un collectif et que tous ensemble nous sommes forts.

On a eu des échos que la police avait stoppé la manifestation. Par petites avancées entrecoupées de longs arrêts on a repris notre marche, Oberkampf, Saint-Ambroise, la mairie du 11e et enfin Nation vers 18h. 4 heures pour faire République – Nation.

Comme depuis quelque temps maintenant, les arrivées de manifs’ parisiennes sont toujours un peu stressantes, la place de la Nation ressemblait une fois de plus à une souricière. Toutes les avenues qui en partent étaient fermées par des « Robocops » et les canons à eau prêts à être utilisés. Les cortèges se sont séparés et comme souvent on n’a pas envie que ça s’arrête là.

C’est dans le train du retour, en consultant mon téléphone pour connaitre le nombre de manifestants que j’ai appris la façon dont des camarades ont été attaqués et blessés (21 dont 4 gravement). Comme nous, tous j’ai ressenti un profond écœurement et une tristesse à cette nouvelle. Pensée fraternelle pour nos camarades.

Nombreux ont été les camarades qui ont fait part de leur expérience bien malheureuse telle Céline Verzeletti, secrétaire confédérale, dans un article de libération du 2 mai 2021. Elle fait état d’insultes proférées par plusieurs dizaines de personnes à l’encontre des militants de la CGT. Leurs propos étaient sexistes, homophobes, racistes… « Les attaquants ont bousculé et agressé nos camarades, qui sont encore très choqués. (…) Ils nous attendaient, la CGT était ciblée. Il y a eu des coups de bâton, des lancers de projectiles comme des pierres… Les têtes étaient visées, donc c’était vraiment pour nous blesser, nous faire mal. » Notre camarade, remarque que les forces de l’ordre n’ont pas tenté de mettre fin aux violences, n’ont pas aidé les personnes en danger mais qu’au contraire elles ont empêché les camions de s’échapper de ce chaos.

Il y a aussi cette autre camarade de la FERC-CGT qui très choquée, réagit à chaud « Après avoir été traitée de P… à Macron pendant des heures, j’ai cru qu’on allait me crever moi et mes camarades…. On va stopper les faux débats théoriques ces gens sont des fascistes qui ont voulu crever des camarades de la CGT juste parce que militant.es CGT…»

Le SNPEFP-CGT s’associe aux témoignages de soutien en direction des camarades qui ont été insultés, molestés et blessés lors de la manifestation parisienne. Nous ne pouvons que souligner notre écœurement.

À qui profite le crime ?

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