Le « Super-marché » de l’enseignement supérieur et de la formation privés
Depuis 2016, Le SNPEFP-CGT analyse pour mieux les dénoncer les mécanismes de la financiarisation et de l’essor des secteurs de l’enseignement privé lucratif et des organismes de formation. Les raisons en sont multiples : paupérisation de l’enseignement supérieur public, réforme de l’apprentissage, financement tous azimuts par l’État et les collectivités locales, apports en capitaux des fonds de pension et de BPI France, marketing agressif jouant sur les angoisses des parents et des jeunes, dénigrement de l’enseignement public et ciblage des classes populaires peu averties.
Une financiarisation qui a des conséquences dramatiques sur les personnels : recherche exacerbée de productivité, gestion serrée des dépenses pédagogiques, promotion de la « flexibilité » avec des prestataires en honoraires, etc.
Cela se traduit par des conditions dégradées d’enseignement : saturation des salles de cours, réduction des heures de face à face, limitation du « présentiel » par le duo « e-learning et pédagogie inversée », « travail en autonomie ». Sans oublier une offre en trompe-l’œil pour les « clients » angoissés par l’aventure Parcoursup qui croient acheter un diplôme d’État garantissant un niveau de salaire et le tout financé par l’alternance.
Les supermarchés et supérettes de la formation (Eduservices, Galileo, Ionis, Omnes, AD Education, etc.) sont autant de concurrents qui agissent auprès des pouvoirs publics pour défendre leurs intérêts financiers : le hold-up sur l’enseignement supérieur public et les fonds de la formation professionnelle. Ainsi, l’association des entreprises éducatives pour l’emploi « 3E » qui rassemble la plupart des opérateurs a pour objet de faire vivre l’initiative privée dans le supérieur. En bref, il s’agit d’un lobbying pour que l’intégralité des catalogues de formation du privé lucratif se retrouve sur Parcoursup avec un pseudo Label qualité du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche ; les marques Groupe servant de gage d’honorabilité. Le principe étant de faire passer ces supermarchés de la formation pour des universités exemplaires afin de supplanter à terme l’Université publique.
Notre expertise nous a permis d’être auditionnés, avec les camarades de la Ferc sup, par la Mission d’information sur l’enseignement privé à but lucratif de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale dont le rapport partage nombre de nos analyses et recommandations. Nous étions le seul syndicat à informer la Mission d’information et d’évaluation relative à l’action du Conseil Régional d’ÎIe-de-France en faveur de la formation professionnelle. Nous avons aussi nourri nombre d’articles parus dans les médias nationaux allant de « Libération » à « Le Point » sans oublier Complément d’enquête : À qui profitent les milliards de l’apprentissage ?. L’information syndicale est maintenant sur la place publique.
Article paru dans LE LIEN n° 222 — Octobre 2024.