Une école hôtelière en difficultés financières
Enseignant depuis 2017 à ECOFIH, une école de formation hôtelière hors contrat située à Bobigny, M. F. le délégué syndical CGT dénonce les dysfonctionnements dans la gestion de l’établissement. Certains de ses collègues ont l’habitude de dire que l’arrêt bus devant l’école portait bien son nom : « la folie ». Cette année, ECOFIH a eu deux visites des inspections académiques et sanitaires avec une fermeture de la cantine scolaire par la DDPP (Direction Départementale de la Protection des Populations). L’établissement fait partie du groupe AVEC (anciennement DOCTEGESTIO) dont plusieurs de ses entités sont assignées en justice pour des difficultés financières. M. F. alerte la direction depuis des années et regrette que les revendications du personnel ne soient pas prises en compte. Il dénonce le manque de transparence de la direction et son incapacité à faire face aux difficultés réelles l’école. La direction se charge bien de récolter des témoignages faux pour dénigrer le délégué syndical M. F. Dans un mail envoyé à sa DRH, le chef d’établissement se demande comment M. F. a pris connaissance des témoignages. En 2022, le personnel a découvert que la direction leur cachait des problèmes d’affiliations (Prévoyance obligatoire, à la médecine du travail et à la mutuelle) qui ont duré plus de trois années alors que les cotisations sont prélevées sur les salaires. La direction prétend que tout est régularisé sans nous en apporter la moindre preuve.
Des mauvaises conditions de travail : Salles de cours froides, présence d’amiante et fuites en toiture
Plusieurs pétitions ont été remises à la direction pour dénoncer les mauvaises conditions de travail et le manque de considération du personnel. Les bâtiments sont mal isolés et la température est très basse dans les salles de cours en hiver : des cours sont annulés après les plaintes d’élèves sur le manque de chauffage dans les salles ; la température est inférieure à 10°C. La direction effectue régulièrement des travaux dans l’établissement sans informer le personnel. Le toit de l’établissement fuit à la moindre pluie et des récipients posés partout au sol. Malgré les demandes du personnel, rien n’est fait. Un diagnostic a été effectué après l’utilisation du droit de retrait par quelques salariés suite à des gros travaux effectués dans l’établissement en 2020. Ce diagnostic, qui devrait être réalisé avant les travaux, a confirmé la présence d’amiante dans certaines parties du bâtiment principal. Le personnel était donc exposé au risque lié à l’amiante et aucune mesure n’a pu être mise en place.
Des conseils de disciplines chaotiques
La direction d’ECOFIH n’a jamais effectué de conseils de disciplines. M. F. se félicite d’avoir réussi à pousser la direction d’effectuer le premier conseil de discipline le lundi 22 avril 2024. M. F. regrette que les quatre conseils prévus le même jour soient régulièrement interrompus à cause d’une ambiance intenable et non productive (insultes d’élèves envers la direction et les enseignants, ambiance très agitée, parents qui quittent spontanément le conseil, menaces d’agressions et de morts, présence symbolique et manque de fermeté de la direction …). Le chef d’établissement a lui-même été menacé de mort. Le personnel attend toujours que des mesures de prévention, de sécurité soient prises suite à ces événements.
Problèmes de gestion de la vie scolaire et manque de sécurité
Le manque de sécurité dans l’établissement résultant des problèmes de gestion de la vie scolaire se traduit par un turnover important des enseignants. Au lieu de s’occuper des problèmes de discipline des élèves, une responsable de la vie scolaire se charge de juger les notes et appréciations des professeurs pour défendre des élèves perturbateurs. Le règlement intérieur n’est pas respecté (des élèves qui trainent dans les couloirs pendant les cours, utilisation excessive du téléphone portable, élèves sans manuels) et les élèves perturbateurs exclus sont livrés à eux-mêmes. Il y a eu des menaces verbales et parfois des menaces de mort de la part d’élèves envers le personnel. Certains préfèrent démissionner par peur, d’autres portent plainte ou déposent une main courante pour se protéger. Un ancien directeur avait alerté le personnel sur un élève dangereux qui quitte le TP (Travail Pratique) quand bon lui semble et qui fait des signes de menaces de mort (gorge tranchée) en fixant son professeur M. C…depuis sa voiture. Des bagarres en classe et des vols de téléphone portables ou d’affaires personnelles se produisent régulièrement sans que la direction prenne les mesures nécessaires pour y remédier. Malgré les pétitions, les difficultés des élèves ne sont pas prises en charge en compte (difficultés pédagogiques, abus des employeurs). Le personnel n’est pas informé de la situation des élèves : abandons de formation, exclusions directes et sans conseil par la direction, élèves fantômes qui réapparaissent après quelques mois d’absences, absences de dispositif d’accompagnement pour les élèves en difficultés ou qui ont un handicap.
Absence d’ENT fiable
Jusqu’en 2022, l’établissement n’a jamais eu d’Espace Numérique de Travail. Des tableaux Excel avec beaucoup d’erreurs sont utilisées pour établir les bulletins. En 2022, le logiciel Pronote a été abandonné par la direction sans consulter le personnel. Depuis la rentrée 2023, le nouveau logiciel YPAREO ne fonctionne pas correctement et ne satisfait pas l’équipe pédagogique car il est impossible d’accéder aux dossiers des élèves, d’échanger avec les élèves ou/et les parents, de saisir correctement les notes et appréciations. Le personnel s’interroge sur les objectifs de la direction qui s’est engagée à changer de logiciel dès la prochaine rentrée.
Taux d’absentéisme très élevé
Le taux d’absentéisme est très élevé avec des « élèves fantômes » et même des « classes fantômes ». Le personnel pédagogique le dénonce depuis plusieurs années et il est très difficile pour les enseignants d’avoir un réel suivi pédagogique des élèves. Un enseignant témoigne d’avoir vu une classe que deux fois depuis le début de l’année scolaire. Et chaque année c’est pareil ! Pourtant le chef d’établissement se vante d’avoir 100% réussite. Un professeur se demande combien de pourcentage d’élèves inscrits en Septembre effectue les examens finaux.
Rupture de partenariat avec le CERFAL
Suite à des plaintes de professeurs, de parents et d’élèves, le CERFAL, un partenaire clef des CFA, a rompu le contrat qui le liait avec ECOFIH. Le CERFAL estime que la situation à ECOFIH ne correspondait pas à leurs attentes à savoir celles d’un organisme de formation qui doit garantir un enseignement correct ainsi qu’un véritable accompagnement des jeunes apprentis.
Refus d’effectuer des conseils de perfectionnement
Comme les conseils de discipline, l’établissement n’avait jamais effectué de réunions de perfectionnement. M. F a réussi à en obtenir un en Novembre dernier et indique qu’il s’est très mal passé: le chef d’établissement était incapable de répondre aux questions posées lors de ce conseil tout en prétextant que c’était au directeur absent d’y répondre ; nous attendons toujours son compte-rendu. Aucun autre conseil n’est programmé alors que le règlement intérieur en prévoit au moins trois fois par an.
ECOFIH : Un vrai salmigondis
L’école est dirigée par un chef d’établissement qui est sous tutelle d’un directeur qui n’est pas salarié d’ECOFIH. Ils se rejettent la responsabilité dans la plupart des demandes des salariés. Le directeur est en même temps directeur d’un autre organisme de formation SARL DGBOOST présent dans les locaux d’ECOFIH. La direction informe que SARL DGBOOST paie un loyer à ECOFIH pour l’utilisation des locaux. Et l’association ECOFIH paie à son tour un loyer à la SCI ECOFIH IMMO.
Aujourd’hui les dysfonctionnements continuent et l’inspection du travail a été saisie à maintes reprises. La direction a déjà reçu une lettre de recadrage de l’inspection du travail lui demandant de prendre sans délai des mesures nécessaires pour régulariser une situation considérée comme de l’entrave au CSE : refus d’organiser des réunions CSE et de répondre aux questions des salariés. Le conseil de prud’hommes a été saisi plusieurs fois et ECOFIH a été condamnée par le tribunal de Bobigny pour sanctions abusives, exécution déloyale, manquement à l’obligation de sécurité, paiements de provisions au titre des tickets restaurant. La direction annonce que l’école est assignée en justice pour des dettes de cotisations d’URSSAF correspondant aux 400.000 euros que l’ancien directeur a détournés. Le personnel attend d’avoir des plus informations concernant ce détournement de fonds et s’inquiète beaucoup de l’avenir de l’école.