Modèles vivants : Bilan du confinement

BILAN DU PREMIER CONFINEMENT : INQUIÉTUDES AU COMMENCEMENT DU SECOND

 

LE BILAN

Sur la rémunération

De nombreux employeurs n’ont pas honoré les poses des modèles planifiées puis annulées sans contrepartie durant le confinement de mars à juin.

En début de confinement (mars 2020), de rares écoles d’art et ateliers se sont engagés à rémunérer les séances des modèles annulées jusqu’à juin.

En Île-de-France, les écoles ECV, LISAA, Atelier de Sèvres, Strate collège, Georges Méliès, ENSBA, ABA de la DAC, CIFACOM, etc. certaines associations (Artistes du Chesnay, Académie Meudon, Centre d’art de la Garenne Colombe … et en province à Valenciennes (École Rubika) ou à Nantes (École de Design) ont rémunérés les modèles.

D’autres solutions ont été trouvées par certaines structures octroyant un quota d’heures mensuelles aux modèles (ENSBA Paris) ou des stages en juillet (ABA de la DAC). D’autres encore ont reporté les séances en Mai/Juin ou en Septembre

Pourtant, certains employeurs ont fait la sourde oreille et particulièrement les structures relevant directement de la fonction publique (lycées publics) et des collectivités territoriales (DASCO et DAE de la Ville de Paris, Mairies d’Île de France) ou indirectement par les associations qu’elles financent via des centres culturels. Au mépris de toutes convenances, ces employeurs ont opposé le silence aux demandes des modèles ou arguer du fait, qu’aucun contrat de travail ne les liant avec le modèle, les heures programmées n’étaient pas dues !

Cet argument est d’autant plus sordide que l’usage dans ce secteur d’activités (qu’il convient de dénoncer) veut que le contrat de travail soit signé une fois la prestation réalisée.

Rappelons quand même que les inscriptions et les budgets étaient en cours au moment du début du confinement. L’argument financier ne saurait prospérer !

C’est pourquoi, à la rentrée 2020, les modèles vivants demandent à nouveau, aux employeurs qui ne les ont pas pris en compte, la rétribution des heures programmées et annulées sans contrepartie durant le confinement.

Après 4 mois sans emploi suivi de 2 mois d’été où ils n’ont pas travaillé, les modèles sont dans une situation critique alors que se met en place un nouveau confinement

Sur le chômage partiel

À la précarité du multi-emploi que vivent les modèles vivants s’ajoutent la précarité des contrats de travail (CDD d’usage dans le privé, vacations dans le public). De telle sorte que dans de nombreuses situations, la très grande fragmentation de la relation contractuelle empêche le modèle d’avoir des droits au titre de l’indemnisation du chômage partiel, quand ils ne sont pas tout simplement « oublié » par certains employeurs qui ne les déclarent pas éligibles à l’activité partielle ! C’est le fait du prince qui prime, et les modèles qui travaillent toute l’année et depuis de nombreuses années pour les mêmes employeurs, dont la prestation est décrite dans les programmes pédagogiques, sont soumis au bon vouloir de directions amnésiques. Là encore, ce sont les employeurs publics qui sont les moins vertueux (Enseignement supérieur, Éducation Nationale, Collectivités territoriales)

De nouvelles annulations sont à prévoir

Le couvre-feu et le deuxième confinement sont synonymes d’annulation de pose. Les modèles n’ont aucune garantie de conserver leur rémunération ou emploi pour les séances de pose dans le cadre associatif (ateliers) programmés par exemple le soir.

C’est déjà le cas à Paris Ateliers qui annulent ses cours sans prévoir de rémunération pour les modèles, à l’instar de ce qui s’est passé lors du premier confinement
D’autres établissements d’enseignement tel l’Institut Saint Geneviève Paris 6 embrayent le pas.

DES ZONES DE NON-DROIT

Au mépris du respect de la dignité des salariés, de leurs obligations contractuelles et déontologiques, des employeurs imposent sans possibilité de s’y opposer l’e-video aux modèles vivants. L’acceptation de poser face à une caméra devient un mode de recrutement préalable parfois même un chantage à l’emploi.

C’est par exemple le cas à Penninghen, la Grande chaumière ou encore Intuit Lab.

Faut-il rappeler que l’activité de modèle vivant n’a aucun intérêt ni aucun sens lorsqu’il s’exerce derrière un écran, en télétravail. La profession nécessite de poser en présentiel pour protéger l’image de chacun : les modèles ne sont ni des objets ni de la main d’œuvre numérique, quelles que soient les modalités de la pose, nus ou costumés

Leur image, captée par des caméras ne peut être fixée et ré-exploitée sans cadre légal sans protection de leur personne et de leur intimité, quand bien même cela se produirait dans un cadre professionnel

Pour se sortir de l’ornière, il faut un statut du modèle vivant qui assure à la sécurité de l’emploi, des conditions de travail dignes, et permette de s’extraire de la précarité de « permittent »

Les demandes des modèles vivants ont été relayées par le SNPEFP-CGT, la FERC-CGT.

Le député André Chassaigne, est intervenu auprès du ministre de la culture pour attirer son attention sur la situation que vivent ces professionnels.  À ce jour, Madame Roselyne Bachelot qui lui succède n’a pas répondu à ses sollicitations.

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