Vous avez dit CNR ?

Du contournement des corps intermédiaires et de sa résolution

 

La réaction libérale ne recule devant aucune obscénité.

Entre cynisme et inculture politique notre « renouvelé » président de la République propose la constitution d’un nième « machin » afin de faire passer ses réformes libérales antisociales. L’acronyme de ce prétendu Conseil National de la Refondation qui réinvente le « Comité Sociale, Économique et Environnemental » voire le Parlement … renvoie scandaleusement au Conseil National de la Résistance qui donna naissance à « La Sociale » et au « Préambule de la constitution » de 1946. Le comité prévoyait alors l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie. Vaste programme battu en brèche par l’internationale libérale depuis les années 80, les années Reagan et Thatcher.
Ne nous y trompons pas, le projet Macronien de privatisation, de destruction de l’État Providence est toujours « en marche » (marciare non marcire, Marche pour ne pas pourrir, suivant le slogan des fascistes italiens). Dissimuler la réaction derrière les oripeaux de la démocratie et de la république est un invariant de la droite. Qu’il suffise de se référer à Napoléon Bonaparte qui mêla les symboles de la royauté à ceux de la République pour légitimer son projet impérial ou le régime collaborationniste de Vichy dont la propagande se fonda sur le détournement systématique des symboles républicains.
Fidèle à sa stratégie de négation et de contournement des corps intermédiaires, notre « manager libéral » veut lancer un nouveau « machin » comme il l’a déjà fait avec le « grand débat » (réouverture des cahiers de doléances) et la « Convention citoyenne sur le climat » (États généraux à ambition limitée). Telle est la misérable stratégie de communication d’un pouvoir arc-bouté sur la doxa de l’ultra-libéralisme s’appuyant sur de dispendieux cabinets de conseils rémunérés par le bien public.
Le retour à l’État social est bien le combat à mener ici et maintenant. Et cela, en privilégiant la valeur sociale de l’activité humaine. Il s’agit de développer l’existant en renforçant la souveraineté du peuple sur le travail et sa valeur ajoutée : la production. Une production humaniste au service de la société et du bien commun, de la res publica. En cela, le rétablissement du rôle social de l’État-stratège est fondamental afin de renforcer la partie faible ; l’impôt constituant l’outil de régulation économique et social par excellence. Tout est en place depuis 1945-46 avec « La Sociale » et le « Préambule de la Constitution » qui stipule :
Art. 6. : Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l’action syndicale et adhérer au syndicat de son choix.
Art. 8 : Tout travailleur participe, par l’intermédiaire de ses délégués, à la
détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des entreprises.
Art. 13 : La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État.
Art. 11. Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence.
Fidèle à la constitution, l’action syndicale doit défendre et soutenir le projet commun de la Nation. Il s’agit de renforcer et de développer le bien commun, la res publica en s’appuyant sur une politique fiscale garante de la redistribution sociale contre son démantèlement au service des intérêts privés égoïstes, du capital.

Actuellement, le rejet de la politique libérale est majoritaire dans le corps social comme en témoigne les votes exprimés au premier tour du dernier scrutin présidentiel confirmé par celui des élections législatives. Note d’espoir, il est aussi majoritaire chez les 18-24 ans. La propagande macroniste, véhiculée par les media, dénigre l’abstention comme un choix non politique et présente la gauche historique de gouvernement comme « extrémiste » pour mieux la confondre avec l’extrême droite. Vieille rengaine fustigeant un peuple politiquement ignare, déraisonnable et un « programme commun » qui annonce le chaos économique et l’arrivée des chars soviétiques sur les Champs-Élysées… Aujourd’hui, les chiens de garde nous promettent la ruine à l’exemple du Venezuela avec Poutine en croque-mitaine. Voter contre le libéralisme ou s’abstenir ferait de ces citoyens, des ignorants populistes et des ennemis de la nation. Le salut résiderait dans plus de libéralisme et d’Europe avec, à la clef, l’annonce d’une aumône via une « Loi pouvoir d’achat ». Le second tour des législatives consacre une assemblée plurielle où le prince ne peut plus compter sur une représentation godillot hégémonique.

Force est de constater que le choix majoritaire anti-libéral ne s’inscrit pas encore dans la nouvelle politique à mener. Il incombe à nous, syndicalistes, de faire vivre le projet républicain issu des Lumières et des luttes sociales dans l’entreprise et au sein de notre Confédération Générale du Travail.

Éric JANICOT, secrétaire national.

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