Un prêtre licencié témoigne

Une double sanction

 

Prêtre de l’Église catholique depuis 2004, j’ai été sanctionné par mon évêque le 10 mai 2021 suite à la révélation de mon désir de quitter mon ministère pour une nouvelle vie avec une compagne. J’étais par ailleurs chargé d’enseignement à l’Institut Catholique de Paris depuis 2016. La sanction de l’évêque a entraîné ma suspension de tous mes enseignements à l’Institut Catholique de Paris. Je me rendis compte alors que les prêtres de l’Église étaient exclus des droits sociaux communs à toute personne en situation de travail. Lors de mon premier rendez-vous à Pôle emploi, la conseillère se trouva dans l’embarras devant les questions que je lui posais. Je ne pouvais pas recevoir d’allocations chômage car je n’avais pas d’attestation employeur démontrant une rupture de mon contrat. L’évêque m’assurait que l’Église m’aiderait si besoin mais sans aucune garantie autre que sa parole. Je ne voulais plus être destinataire de sa charité, je voulais être bénéficiaire de la justice sociale et j’étais bloqué. De son côté, l’Institut Catholique de Paris s’alignait sur la décision de l’évêque, remettant en cause le contrat qui me liait avec l’université. Je décidais alors de me tourner vers la CGT, étant assuré de sa neutralité par rapport aux institutions et de sa priorité de défense des droits du salarié que j’étais. J’ai tout de suite obtenu des réponses concrètes pour diriger mon action et m’aider à faire préserver mes droits sociaux. Je me sens accompagné, soutenu, protégé, ce qui me donne du courage et de la ténacité pour faire reconnaître le tort subi, non seulement pour moi, mais pour mes confrères dans le même cas. Nous sommes face à un flou juridique d’un contrat qui ne dit pas son nom et qui présente pourtant toutes les caractéristiques d’un CDI au regard de la subordination à l’égard de l’évêque.

Marc FASSIER

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