Congrès du SNPEFP CGT : La bataille des idées !

Préambule au rapport d’orientation.

Ouverture du Congrès du SNEPFP CGT à Gennes sur Loire les 6, 7 et 8 novembre 2019 par Christine FOURAGE, Secrétaire générale.

Lors de notre dernier congrès en 2015, le document d’orientation soulignait déjà « un environnement qui évolue fortement, des pédagogies nouvelles ou encore à inventer, et un syndicat qui doit s’adapter à ces changements et aux évolutions du salariat, pour toujours être au plus près des salariés afin de défendre au mieux leurs intérêts »

S’agissait-il d’une vision prémonitoire de l’avenir ou d’une bonne lecture des enjeux sociaux et politiques de l’époque ? Les deux, à n’en pas douter !

Les droits des salariés français ont depuis 2015 été fortement attaqués par les gouvernements successifs de « gauche » comme de droite, sur fond de collaboration active avec le Patronat. Plus que jamais, il est devenu évident que les dirigeants de notre pays ont choisi leur camp d’idéologique : le libéralisme post-industriel, mondialisé et décomplexé.

Il nous a fallu subir la Loi Rebsamen qui portait le premier coup aux droits collectifs en introduisant la possibilité de créer des DUP élargies, des instances uniques par accord majoritaire pouvant regrouper les 3 instances ou seulement 2, la loi travail, la réforme des prud’hommes, les ordonnances Macron, la réforme de l’assurance chômage la refonte de la formation professionnelle et de l’alternance, la fermeture du statut de cheminot qui prépare la privatisation de la SNCF. Nous devons nous préparer à la réforme de la fonction publique, la réforme du système français de retraite, puis à celle de la sécurité sociale.
Dire que notre camp social est mis à mal est un euphémisme ! Nous ne gagnons plus de bataille, nous les perdons les unes après les autres. Ce que la CGT incarne : un syndicat revendicatif cède le pas à des expressions syndicales plus réformistes qui accompagnent le changement social et politique, les attaques contre les droits des salariés sans proposer d’alternative, de projet de société construit pour et avec les travailleurs. Dès lors pourquoi s’étonner d’un mécontentement social qui peine à trouver une expression légitime quand les canaux habituels ne sont plus à même d’apporter une alternative crédible ?
Comment ne pas voir que la radicalité de certains travailleurs souvent précarisés, privés d’emplois presque toujours menacés par le déclassement, n’est que le symptôme d’une société en miettes où les solidarités traditionnelles ont été ringardisées, où s’inscrire dans des mouvements de protestation sociale devient suspect et réprimé.

Face à cette angoisse sociale nous sommes impuissants à trouver les réponses adéquates, concurrencés par les populismes à courte vue qui proposent des solutions miracles et expéditives mais qui en réalité menacent ce qui nous restent de libertés publiques, de droit d’expression, en désignant un bouc émissaire bien pratique : l’autre. L’altérité ne se présente plus seulement dans la figure de l’étranger, de l’immigré : l’autre est désormais celui qui ne renonce pas à la fraternité, la solidarité et la liberté. Rien d’étonnant dès lors que la CGT soit dans le vent de la tourmente. Dans la tourmente, certes mais nous résistons et il nous appartient de redonner de l’espoir, de renouer avec ce syndicalisme du carreau cassé comme le disait récemment Philippe Martinez. Un syndicalisme en prise avec l’entreprise (et les ordonnances Macron nous y renvoient) qui se bat pour les conditions de travail, la fiche de paie, contre les horaires décalés et le travail du dimanche. Un syndicalisme qui refuse l’instrumentalisation du travail et des travailleurs.

Non, nous ne sommes pas que du capital humain ! Et nous entendons le dire à travers notre combat syndical qui est un chemin de dignité individuelle et collective, un projet pour une société plus juste, plus fraternelle. Et tant pis si nous passons pour des ringards quand nous assistons des salariés lors d’un entretien de licenciement, nous réclamons des craies ou des feutres pour enseigner, nous interpellons les employeurs sur leur fâcheuse tendance à bouleverser les emplois du temps des salariés sans contrepartie et parfois nous « apprenons » à des travailleurs en colère comment construire et mener une action collective, un débrayage d’une heure ou une grève d’une journée. Il n’y a pas de petits combats, il y a, et c’est notre ambition, à s’adapter aux besoins des salariés. Ils sont et seront longtemps encore la « partie faible au contrat ».

C’est à eux que nous pensons en premier, notre raison d’être est de servir leurs intérêts. C’est le défi que nous avons à relever pour ces prochaines années.

Christine FOURAGE.

 

 

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