Déconfinement : Témoignage (1)

Reprise progressive de l’activité … et des tensions.

 

Nous voilà déjà au deuxième jour de déconfinement et pourtant peu de choses ont changé en ce qui me concerne. Certes, j’ai pu enfin rendre visite à ma mère, confinée seule depuis 2 mois, et j’ai pu aller patiner dans la rue, sans toutefois pouvoir reprendre intégralement mon activité sportive (le roller derby).

D’un point de vue professionnel, je cumule la double peine d’enseignant de cours techniques dans une école privée de cinéma en région parisienne, au chômage partiel total (pardon nous parlons « d’activité partielle » désormais …) et de technicien son sur des tournages.
La seule activité qui me permet de garder contact avec le milieu professionnel dernièrement est la défense des collègues en tant que secrétaire du CSE de l’école dans laquelle je travaille.

Et là, tout se complique. La direction en demande toujours plus à ses salarié•es, leur demande de participer « à l’effort collectif », n’impose pas la pose de CP, RTT, mais « incite » fortement à le faire. Le groupe qui possède notre école impose par-dessus ça des directives absurdes pour une entreprise de notre taille, c’est à dire moins de 50 salarié•es.

Dès le début du confinement les salarié•es n’ont pas attendu ces directives pour s’adapter à cette crise, car conscients dans la majorité que chacun avait un rôle à jouer. Ils ont aménagé un coin de leur domicile pour télétravailler, mis à contribution leurs ordinateurs personnels, installer les logiciels mis à disposition par l’entreprise.

Les enseignants de cours théoriques rencontrent des difficultés à utiliser le logiciel TEAMS, parfois inadapté pour leurs matières, et passent plusieurs heures à faire des tests pour pouvoir proposer un contenu optimal aux élèves. Certaines personnes de l’administration possèdent des machines obsolètes ne permettant pas de télétravailler dans des conditions optimales.
Mes collègues élus et moi-même nous occupons du retour d’expérience auprès de la direction, espérant alors que même si des solutions ne peuvent être proposées dans l’immédiat, ces problèmes soient entendus et considérés.
Ces salarié•es sont considérés comme des cas marginaux. La direction regrette qu’ils ne fassent pas plus d’efforts pour contribuer au maintien de notre entreprise.
Payer en heures complémentaires les enseignants ayant dû passer de nombreuses heures à s’auto-former sur les logiciels de télé-enseignement ? Proposition « malhonnête et opportuniste » s’énerve alors notre direction ! Une charte de télétravail ? Pour quoi faire ?!

Aujourd’hui, 11 salariés sur 16 de l’administration sont invités à reprendre place à leurs bureaux respectifs dès le 18 mai, alors même que les cours ne peuvent reprendre. Pourquoi demander à ces salariés de reprendre si vite alors que l’école ne peut pour le moment pas rouvrir physiquement ?

La reprise est progressive et les tensions le sont hélas également.
Je ne sais pas quand je vais reprendre, ni même si je veux reprendre dans de telles conditions. Je remets en question ma carrière professionnelle et me demande s’il ne serait pas temps de faire autre chose, mais quoi ? Ne serait-ce pas risqué d’entreprendre un changement de carrière à un moment où tout se casse la figure ?

Beaucoup de questions sans réponses et beaucoup de stress. Voilà comment je vis mon déconfinement.

Fabien.

Extrait du blog FERC #Mondeconfinement

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