Le mouvement social et la révolution néo-libérale : Perspectives syndicales

Le mouvement social et la révolution néo-libérale.

 

Le bilan social et ses ressorts sont bien connus. Une société de consommation au service de la croissance mortifère du capitalisme fondée sur l’Avoir et non sur le Savoir. La substitution du modèle néo-libéral et hyper-inégalitaire au modèle social républicain égalitaire. L’atrophie de l’État et de son pouvoir de contrôle mis au service des intérêts privés via une déréglementation tous azimuts et la réduction des corps intermédiaires. La destruction du lien social avec la fin de l’État-stratège et le démantèlement des grands services publics, l’atomisation des citoyens dans la société, des salariés dans l’entreprise. Le tout entre menace d’une nouvelle crise économique et annonce du drame écologique.

La révolution néo-libérale à l’œuvre

Le processus de destruction du modèle français, de l’État-Providence — organisé par le Conseil National de la Résistance et renforcé par les conquêtes sociales — a été mis en œuvre grâce à la toute-puissance de l’administration Énarchique débarrassée du politique [en particulier le corps de l’Inspection Générale des Finances cumulant les postes de pouvoir de l’État et du système financier dont la biographie présidentielle est l’archétype] via : la capture du pouvoir de régulation de la puissance publique par des intérêts privés ; l’organisation de l’asphyxie financière de l’État par une politique fiscale au service des hyper-riches et la privatisation des Établissements Publics à Caractère Industriel et Commercial (EPIC) les plus rentables ; la perte du contrôle de la politique monétaire et budgétaire avec la création de la Banque Centrale Européenne, gardienne du dieu €uro, et le « Pacte de stabilité et de croissance » ; la dissolution générale des pouvoirs régaliens dans les carcans des traités européens, des directives de la Commission Européenne avec ses Grandes Orientations des Politiques Économiques, et de l’OTAN ; la régulation des inévitables crises économiques par la privatisation des profits et la mutualisation de la perte. Sans oublier la révolution néo-libérale du code du travail où l’État abandonne son rôle d’arbitre en renforçant la partie forte au détriment de la partie faible : le salarié.

Cette destruction méthodique, conduisant à la désindustrialisation, aux délocalisations, au moins-disant social et à la paupérisation de la société (baisse généralisée des salaires et du niveau de vie), fut accélérée par : l’absence d’une politique sociale et fiscale européenne, l’ouverture du marché européen à tous les vents, l’obligation faite aux États d’emprunter à taux onéreux sur le marché privé renfloué avec les fonds publics, la financiarisation de l’économie. Une politique funeste promue au nom de la paix et de la libre circulation des personnes, entendre des travailleurs-esclaves ou mercenaires, des biens et des capitaux. Est à l’œuvre, un système capitaliste prédateur et mortifère — source de catastrophes individuelles, sociales et écologiques — s’auto-légitimant au nom d’une croissance exponentielle irréaliste (et surtout auto-productive) qui met en jeu, pour la première fois dans l’Histoire de l’humanité, la survie même de l’espèce.

Les ressorts de cette politique antihumaniste se fonde sur l’organisation oligarchique de la classe dominante qui cultive l’entre-soi et mène de fait une guerre économique au reste de la population via le détournement du pouvoir régulateur de l’État et de ses institutions, jadis républicaines, à son service exclusif : retour à l’aristocratie et à la noblesse d’État. Cette ploutocratie assumée, importe et applique à son seul bénéfice la doctrine économique néo-libérale états-unienne au nom de la prétendue « fin des idéologies », de la « sociale démocratie » et de son dernier avatar le « ni-ni Macronien » qui achève la comédie de « l’alternance droite-gauche ». Son contrôle des médias et de l’édition, par la concentration capitalistique, assure la promotion de sa politique ultra-libérale et antisociale relayée par les « experts » des think-tank et autres officines d’influence financées par le patronat. Le dénigrement systématique de l’État-Providence et des contre-pouvoirs avec l’euphémisation du langage, l’appel à la « science économique » et aux « lois du marché », l’invocation de la « mondialisation » et autre « globalisation », sont les agents de propagation d’une vulgate dont l’acmé se résume à : « en dehors du privé point de salut ! ». La chute du mur de Berlin, en 1989, et l’écroulement du système collectiviste soviétique ont conduit à l’absence de contre-pouvoir idéologique face au triomphe du libéralisme et à la dérégulation financière, à l’hyper-financiarisation.

L’adhésion du Peuple est, était assurée par l’illusion démocratique de l’actuel système représentatif, l’aliénation de la société de consommation et la nécessité de faire face aux échéances du crédit avec la peur du chômage. Le crédit comme pari sur l’avenir est venu soutenir la baisse du « revenu » (salaire et/ou transferts sociaux) remplacé par la formule néo-libérale de « pouvoir d’achat » attachée à la « capacité d’endettement », de forger ses propres chaînes. Pour maintenir la cohésion sociale, nos gouvernants ou « administrateurs Maastrichtiens » ont privilégié le crédit sur l’augmentation de salaire à la grande satisfaction des employeurs et des actionnaires qui peuvent encore réduire le « prix du travail » présenté comme « coût du travail ». Nonobstant les divers cadeaux fiscaux : crédit d’impôt pour la recherche (CIR), crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) pérennisé par la réduction des cotisations sociales patronales (une part patronale toute théorique car payée par la valeur ajoutée produite par les travailleurs). La vulgate libérale présente ces « contributions sociales » ou éléments de « salaire différé socialisé » comme des « charges salariales ». Autres procédés de réduction des salaires et de la masse salariale : recours massifs aux stagiaires et aux contrats aidés dits de « professionnalisation », baisse des salaires à l’embauche, abus des contrats précaires, portage salarial, faux autoentrepreneurs, salaires grignotés par l’inflation …

Le principe de réalité

La formule socio-économique trouve aujourd’hui ses limites face au coût de la vie et au « crédit révolver ». Le fossé, le précipice qui sépare le nombre infime de ceux d’en haut de la masse de ceux d’en bas ne cesse de s’élargir. La perte de crédibilité des médias traditionnels, des institutions et de la démocratie dite représentative ; l’essor des théories du complot sur internet ; la progression du « vote intermittent » ; l’élection présidentielle par défaut (2002 et 2017) ; la consommation des antidépresseurs et autres psychotropes, les burn-out, cancers, suicides, divorces ; « bonnets rouges », « gilets jaunes », « black bloc » en sont autant de symptômes. Le pouvoir anti-démocratique est ainsi mis en cause. Un Peuple mobilisé au nom de ses droits s’est enfin levé, entre spontanéité et organisation, contre les détenteurs du pouvoir englués dans la croyance néo-libérale qui postule la fin de l’Histoire dans un monde globalisé en constante accélération  — animé par la dynamique ultra-libérale de dérégulation-financiarisation —  auquel il faut s’adapter en permanence tel un nouveau chemin de croix. Un pouvoir bunkérisé dans les palais nationaux à l’exemple de l’Élysée où « Jupiter » craint d’être livré à la vindicte populaire à l’occasion d’une manifestation incontrôlée !

La perte de contrôle du pouvoir « Libéral Autoritaire », enfermé dans sa morgue et son « irreal politique », s’illustre dans le tout répressif face au retour des Sans-culottes venus de province (Acte 1 : 17 nov. 2018) : refus d’apporter une réponse politique digne de ce nom après cinq mois de mouvement social ; tentative d’étouffement de la révolte et de ses « débordements » par le dénigrement médiatique, par un « grand débat » qui lança — durant deux mois — la campagne électorale de la liste présidentielle aux européennes (25-26 mai 2019), par l’intimidation physique [dispositif policier pléthorique, retour aux « voltigeurs » de sinistre mémoire rebaptisés « Brigades de répression de l’action violente motorisées » (BRAV-M), appels aux « véhicules blindés à roues de la Gendarmerie nationale » (VBRG — Acte IV : 8 déc. 2018) et à l’armée  (détournement du « plan Vigipirate sécurité renforcée »), intimidations de collégiens et lycéens (Lycée Arago, Mantes-La-Jolie — 22 mai et 6 déc. 2018), gardes à vue préventives, interdiction individuelle de manifester, répression ciblée (meneurs des « gilets jaunes »), « recours excessif à la force » dénoncé par le Haut-commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU avec ses mains arrachées suite à l’utilisation de la « grenade lacrymogène instantanée » assourdissante et à effet de souffle (la GLIF4 est une arme de catégorie A2 désignant le « matériel de guerre » tout comme sa remplaçante GM2L), éborgnements par « lanceurs de balles de défense » (LBD), nassage puis gazage des citoyens manifestants comprenant infirmières et pompiers …] et économique (amendes) conduisant à la pénalisation du droit de manifester et à la criminalisation de l’action syndicale. À ce propos, voir l’introduction dans le droit commun de « l’état d’urgence permanent » avec la Loi n°2017-1510 du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme (notons que des mesures liberticides ont été prises à l’encontre de manifestants n’ayant rien à voir avec le terrorisme dit « islamique » avancé en justification de la loi). L’État ainsi dévoyé, autonome du politique et de la société civile, est mis au service d’intérêts particuliers et non de l’intérêt général. Les actuels détenteurs du pouvoir usent et abusent de la force publique pour leur « utilité particulière » en contradiction avec la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen » d’août 1789 (art. 12). Rappelons que l’actuel Président fut élu par défaut à partir d’un score de premier tour s’élevant péniblement à 23,11% des suffrages exprimés (17,84% des inscrits) soit le niveau réel de sa « représentativité » en 2017. Le pire peu advenir avec la surveillance de masse et le contrôle des mouvements et des comportements par le perfectionnement du « panoptique virtuel ». Le recours aux systèmes de l’intelligence artificielle facilite le croisement et l’analyse des données issues des organismes étatiques et des sites marchands dont la Chine est le laboratoire à l’échelle d’un monde avec son système de « crédit social ». La réduction de l’individu à un chiffre — contraint dans un système de notation — vise à lui imposer par « dressage numérique », d’une part le « bon comportement social », d’autre part la « bonne pratique » avec  la « Taylorisation numérique » du travail. Tout ceci conduisant à l’atomisation de l’individu, du travailleur et à la dissolution du « libre arbitre » dans le « déterminisme numérique » des algorithmes ultra-libéraux : à la négation de la citoyenneté.

La réaction néo-libérale est toujours « en marche » comme en témoignent les « réformes » de la formation professionnelle et de la retraite par points ; cheval de Troie de la mise à sac de la Sécurité Sociale au profit des assurances privées. L’imposition de ce système de retraite est emblématique de la réduction de l’individu à un chiffre désignant un « coût ». Les vieilles recettes, menant à la régression sociale et à l’appauvrissement général, sont à l’œuvre : remplacement dans le discours de « l’égalité » par « l’équité », succession de mesures scandaleuses (l’une chassant l’autre via le temps médiatique), oppositions systématiques des catégories sociales et à l’intérieure d’elles-mêmes (salariés du privé/salariés du public, fonctionnaires/contractuels, travailleurs/chômeurs, indemnisés/non-indemnisés, différences de statut et de traitement entre générations, inner/outsider …). L’aveuglement social et le ressentiment d’un pouvoir conscient de son impuissance en matière de politique économique, réduite à la gestion de la baisse du niveau de vie, le conduit à la fuite en avant par l’application forcenée des recettes néo-libérales et la mise au pas de la société française en imposant le « minimum vieillesse pour tous ». La marche funeste du « conseil d’administration gouvernemental », de « l’Énarchie financière » en folie condamne tout citoyen à vivre — entre « servitude volontaire » et « lutte de classe » ­— dans la « précarité permanente ». La violence physique de « l’État-Entreprise » — instrumentalisé par l’oligarchie à la manœuvre — relaie les violences d’ordres symbolique, social et économique. L’État-Gendarme, agent de l’idéologie réactionnaire néo-libérale, se substitue à l’État-Providence. Aux noms de l’antiterrorisme et de « l’ordre républicain » s’instaure un régime autoritariste, siège de la corruption, bafouant la devise républicaine : Liberté, Égalité, Fraternité. La destruction méthodique du contrat social issu du Conseil National de la Résistance, donne l’illusion de la cohérence au suicide imposé d’une société par un pouvoir déculturé et privé d’Histoire. Avec la perte de l’indépendance nationale vient la mort de la société démocratique. Tels sont les fruits du régime « Libéral Autoritaire ».

NON ! Il ne s’agit pas d’adapter l’individu « entrepreneur de lui-même » à la « globalisation » mais bien de remettre l’État — l’héritage de ceux qui n’en ont pas — à son service, de lui donner les moyens et les conditions de son bien-être et de sa liberté : de son émancipation citoyenne. Bref, que notre État — issu de la Révolution Française et de la Victoire sur les régimes fascistes — se conforme à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen et au Préambule de la Constitution de 1946, à l’idéal universel de Fraternité du genre humain !

La prééminence du Politique

À l’aune de ces attendus, la « lorgnette » de l’action syndicale du SNPEFP CGT prend une toute autre dimension. Notre champ d’action, l’enseignement et la formation privés, doit être compris dans la politique de privatisation de l’enseignement public, lui-même inscrit dans la résistance à la révolution néo-libérale et antidémocratique mondialisée servie par les actuels dirigeants de notre pays.

L’action de notre syndicat ne peut se réduire à une attitude défensive face à l’offensive réactionnaire de la barbarie économique néo-libérale. Elle doit être un moteur de la reconquête de la souveraineté du Peuple sur la res publica, le bien public. Le SNPEFP doit participer, au sein de la Fédération de l’Enseignement, de la Recherche et de la Culture (FERC), à la promotion d’une éducation nationale laïque et gratuite pour tous au service de l’exercice de la citoyenneté, de l’émancipation individuelle et collective où le privé — strictement contrôlé par les services de l’État — est limité à des expériences éducatives spécifiques et non à la marchandisation des esprits ou pour reprendre une formule libérale à la « monétarisation » de l’intelligence, de la création. La règle du jeu social doit être à nouveau déterminé par le politique non par la finance. La lutte révolutionnaire des Lumières contre l’obscurantisme et l’arbitraire — toujours au service de la domination économique — est plus que jamais d’actualité. Il s’agit de faire vivre par nos actions syndicales et notre communication, aujourd’hui et demain, les valeurs humanistes de la Confédération Générale du Travail issues des Lumières, de la Commune et de l’anarcho-syndicalisme : « Bien-être et Liberté ! »

Éric JANICOT, Secrétaire national.

(Première édition, 19 décembre 2019)

Addenda

Juin 2021 : La pandémie du Covid 19, symptôme de la crise du capitalisme, corrobore notre état des lieux et exacerbe la fuite en avant ultra-libérale avec sa dérive autoritaire et la promotion des opinions d’extrême droite en un mot du fascisme. Espérer la fin du cycle néo-libéral avec la conversion d’un président américain à la Nouvelles Économie Keynésienne (NEK) est illusoire. Nous ne pouvons qu’en appeler au sursaut des héritiers de la République et de la Sociale pour abattre la bête néo-libérale.

Janvier 2022 : Le Bien commun au présent

Face aux catastrophes écologiques, à la pandémie, à l’offensive prédatrice du néo-libéralisme qui vise à démanteler l’État-providence en privatisant le bien public, au retour du travail rémunéré à la pièce, à la morgue d’un patronat décomplexé et à la fascisation du discours politique à la veille de l’élection présidentielle, comment encore espérer le retour à un État social ?
Tout simplement en privilégiant la valeur sociale de l’activité humaine ! Développons l’existant en renforçant la souveraineté du peuple sur le travail et sa valeur ajoutée : la production. Une production humaniste au service de la société et du bien commun, de la res publica. En cela, le rétablissement du rôle social de l’État-stratège est fondamental afin de renforcer la partie faible ; l’impôt constituant l’outil de régulation économique et social par excellence.

Tout est en place depuis 1945-46 avec « La Sociale » et le « Préambule de la Constitution ». En témoignent le « statut de la fonction publique » qui reconnaît la qualification personnelle et assure le travail à vie jusqu’au versement d’une pension de retraite ; le « Régime général de la sécurité sociale », fruit de la socialisation partielle de la valeur ajoutée, qui permet aux salariés du secteur privé de bénéficier de la retraite par répartition garantie par les cotisations sociales : le « salaire différé » ou « salaire social ».

Le « Préambule de la constitution de 1946 » quant à lui, stipule :
Art. 6. : « Tout homme peut défendre ses droits et ses intérêts par l’action syndicale et adhérer au syndicat de son choix. »
Art. 8 : « Tout travailleur participe, par l’intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu’à la gestion des entreprises. »
Art. 13 : « La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État. »
Art. 11. « Elle garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. »

La constitution et les outils sont en place. Il suffit de les réactiver dans toutes leurs dimensions.

Fidèle à la constitution, l’action syndicale doit défendre et soutenir le projet commun de la Nation. Il s’agit de renforcer et de développer le bien commun, la res publica en s’appuyant aussi sur une politique fiscale garante de la redistribution sociale contre son démantèlement au service des intérêts privés égoïstes, du capital. Une vieille histoire qui plonge ses racines dans le mouvement des Lumières et de ses prolongements : les luttes syndicales et révolutionnaires.

Les articles

  1. Voir Congrès du SNPEFP CGT : La bataille des idées !
  2. Voir Enseignement privé lucratif et financiarisation
  3. Voir La start-up nation en berne
  4. Voir Plus jamais ça! Préparons le jour d’après!

Illustration

Le Label confédéral (1904), adopté le 1er février 1902 par décision du comité confédéral de la CGT d’après une proposition d’Émile POUGET secrétaire adjoint du comité et rédacteur en chef du premier organe de la confédération : La Voix du Peuple (1900). Sa réalisation fut confiée à une commission composée de trois membres, tous parisiens : Laroche (polisseur sur métaux, Allemaniste), Durr (ébéniste, Allemaniste) et Richard (fondeur et mouleur). Placée sous les auspices d’Émile POUGET et de Jean ALLEMANE, l’origine anarcho-libertaire du label est indéniable. « Bien-Être et Liberté » est un programme qui s’inscrit dans la poignée de main symbolisant la « Solidarité » superposée à la mappemonde  de « l’Internationale » entourés par la « Confédération Générale du Travail ».
En revanche, la date de l’ajout du terme « Solidarité » à la devise reste problématique. « Bien-Être et Liberté » figure dans les comptes rendus de congrès jusqu’en 1959 et sur les cartes et les timbres (1996). L’extension des locaux du siège de la confédération au 213 rue La Fayette, réalisée en 1936, voit l’apparition en façade du fameux blason dont le moulage est conservé dans le patio du siège de Montreuil (voir ci-dessous). En tout état de cause, la devise « Bien-Être – Liberté – Solidarité » n’a pas été adoptée en congrès. Son emploi relève de l’usage. Elle rivalise de fait avec la devise Républicaine « Liberté – Égalité – Fraternité ». Pour notre part, nous préférons le duo originel « Bien-Être et Liberté » qui exprime un projet social — inscrit dans la longue Histoire — devant être réalisé par l’action solidaire et internationale. Projet oh combien d’actualité !

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À noter l’inspiration du label de la Confédération Générale du Travail sur celui de l’American Federation of Labour (1886) pour les 8 heures et sa devise latine tirée de Virgile : Un travail opiniâtre vient à bout de tout.

 

Pour aller plus loin

Jean-Pierre LE CROM, « Le label syndical », Les Acteurs de l’histoire du droit du travail, Presses universitaires de Rennes, p. 297-309, 2004. ici
Michel HENRY et Roger DÉDAME, Le Label syndical, Pourquoi et comment ?, Institut CGT d’histoire sociale du Livre parisien, 2011.
Michel DREYFUS et Michel PIGENET (sous la direction de), La CGT en question (s) : Regards croisés sur 125 années d’un syndicalisme de transformation sociale, Éditions Universitaires de Dijon, 2019.

 

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